L'édito du Croquetout numéro 9 Ce mois de février m’a semblé saturnien, empreint d’une douceur indécise... Heure exquise qui nous grise lentement, la caresse, la promesse du moment... ainsi chantait en 1905 la veuve joyeuse dans un opéra de Franz Lehar. Ce dernier nous offrait le portrait d’une Europe insouciante où les questions politiques sont subsidiaires aux affaires de coeur. Le changement, c’est maintenant ! Mais rien de plus cher que la chanson grise, où l’indécis au précis se joint comme l’écrivait Paul Verlaine. Et c’est sans aucune logique que le mois de mars évoque pour moi une forme géométrique : un ovale. Si février est carré, juillet rond, Mars est ovoide et de la couleur d’une coquille d’oeuf. Le mois de mars ne porte-t-il pas en son sein les germes d’un soleil naissant des brûmes de l’hiver. Oui, le mois de mars évoque un oeuf. Un oeuf coque au comptoir, un oeuf mollet, brouillé aux morilles, elles, naissantes ou aux truffes, finissantes. Le mois de mars n’appelle t-il point les vins de Porto, les champagnes vineux, les bas Armagnac, les folles blanches... voir un Marsala liquoreux de Sicile. Je sais, le mois de mars est italien et guerrier, du dieu Mars , père de Romulus et de Remus, fondateur de la ville éternelle. Mars, ce sont les promenades dans Rome de Stendhal, les caves du Vatican ou les faux monayeurs de Gide, simplement par analogie d’idées, de pensées. Je suis assis à la terrasse d’un café blotti contre une ruelle lovée près de la fontaine de Trévi. Je trempe mes lêvres d’un vin blanc qui me met en émoi. Dans les vignes, les bourgeons latents se développent, éclatent et rejètent leur bourre (c’est le débourrement). Le soleil romain caresse l’épaule d’amours qui s’inventent. C’est décidé : en mars, je prends un billet de train pour Rome.Partagez sur les réseaux sociaux
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