Editorial du Croquetout Numéro 8 Lorsqu’un matin calme et doux et chaud, une lumière diffuse mi-blanche mi-grise semble comme une toile d’araignée, tisser l’herbe d’un voile argenté. Lorsqu’un matin, la terre transpirante de nuit s’étire, musculeuse et musquée ; que nul vent ne la fait frissonner, sur les brûlés ; au pied des chênes et des noisetiers cherche la danse hésitante de minuscules vies. Ce sont des mouches rabassières au vol lent, silencieux et lourd qui s’apprêtent à déposer leurs œufs sur le sol nu d’où s’échappe une odeur de truffe mûre. Les bacchantes repérées, place une pierre au centre de leur ronde. Dérangées, elles s’envoleront. Cache toi et attend leur retour. Lorsqu’elles reviennent, pose un second caillou au centre du tournoiement, puis un troisième une dernière fois. Alors au centre des trois pierres disposées en triangle, chance et persévérance font que truffe tu trouveras. C’est ainsi qu’Alain Espet, ancien joueur de rugby, nusiculteur et rabassier me conta un matin l’histoire de la chasse aux truffes à la mouche. Alain est enfant de la Drôme, un pays où les chiens sont joueurs, où les facteurs ramassent de petits cailloux pour inventer des châteaux et des poèmes. Alain est enfant d’un pays où la vigne ne pousse qu’au flan des coteaux pour donner ce sang de Dieu qui illumine les sens et l’esprit. Ces sangs divins sont de Crozes, d’ Hermitage, de Cornas et Saint-Joseph. Tous issus de vignes crochetées aux collines riantes des reflets du fleuve. Enfant avec ses frères et sœurs, Alain s’allongeait le nez contre la terre, ainsi ils restaient de long moment à respirer les odeurs et les parfums; comme on respire la nuit du chant des étoiles. C’est ainsi que leur père comme l’était leur grand père : rabassier, leur transmit la noblesse de vivre et d’écouter les murmures de la terre.Partagez sur les réseaux sociaux
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