Editorial du Croquetout Numéro 7 Mardi 7 Janvier 2014 1 commentaire La veillée : Au temps qui s’écoule entre le moment du repas du soir et celui du coucher. « Qu’il est doux, qu’il est doux d’écouter des histoires, des histoires du temps passé, quand les branches d’arbres sont noires, quand la neige est épaisse et charge un sol glacé» écrivait Alfred de Vigny, le poète de la mort du loup. En janvier, je cherche une cheminée, un foyer, un âtre, un cantou où me dorloter de mots chauffés du bonheur d’écouter mon grand père raconter son enfance et les hivers du temps passé. Le feu est le musicien qui accompagne le chant de son âme, comme la lyre accompagnait le poème de l’Aède. Magie de la transmission orale d’histoires de vie, de génération en génération. C’est le griot en Afrique, Yvan Tourgueniev dans les mémoires d’un chasseur. Chatoiement des chants éternels : c’est le souffle des ancêtres. Dans l’âtre, sur les braises, je pose une bûche de chêne moussu, noueux et sec de trois ans. Le lichen vert et gris brille, accroché à l’écorce, il brûle en premier et crée un petit feu d’artifice où crépitent des paillettes de couleurs mauve, rouge, orange et jaune. Puis la flamme bordée de bleu lèche l’écorce et, languissante, s’insinue, maligne, entre la peau et le corps du bois. Rougeoiement des braises. Au coin du feu, là sur la broche, les grives rôtissent doucement, les sucs s’encroustillent sur le gratin de trifoles et la soupe de châtaignes se compote. Elle sera prête lorsque la cuillère tiendra debout dedans. Ce soir, je suis en Ardêche, en Auvergne, en Picardie, en Bresse, en Afrique, en Russie ou ailleurs. Ce soir, lové dans une couverture, blotti au coin du feu, en meute, je crois avec Aristote et Montaigne au bonheur d’être un animal doué de langage.Partagez sur les réseaux sociaux
Commentaires :Laisser un commentaire
jp dit :
11/1/2014 à 9h 20min
GG la poétisation amène le bonheur, à l'instant arrivés à fayolle même sans les grives sans le feu ni la couverture on se sent "lové" le coeur bien au chaud en lisant ta ballade les yeux fermés, et même plus lue par fanfoune alors que je me repose de ce long voyage …... A deux nous t'embrassons fanfoune Jp
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